Si les 50 premières années du 20éme siècle concentrent à
elles seules plus de créativité, d'inventivité et d'ingéniosité que près de
2000 ans de traditions judéo chrétienne, les 20 dernières années sont
remarquables par leur absence de renouveau, leur carence d'innovation. Depuis
20 ans, par graduelles évolutions nos institutions s'adaptent à la médiocrité.
L'ère des révolutions à cédé la place à un doux conformisme. L'acte a cédé à la
raison. La science ne prend plus de risque et se traine de coté comme un crabe,
réformant l'ancien, incapable d'innover.
L'apprentissage suit la même voie, sur les chemins de la
pensée d'Alain, nous avons appris à copier et recopier les erreurs du passé. Ses
propos sont sans appel "Il n'y a
qu'une méthode pour inventer, qui est d'imiter. Il n'y a qu'une méthode pour
bien penser, qui est de continuer quelque pensée ancienne et éprouvée."
L'originalité ne tient aucune place dans cette démarche. Alain est le chantre
de la stabilité, de la médiocrité, son serviteur dévoué. Il nous a appris que
l'imagination, l'expérimentation, l'action sont les efforts vains d'une
humanité sur le déclin. Qu'un homme fait doit marcher d'un pas assuré dans les
pas de ses ainés. Répétant le mantra suivant : "On a toujours fait comme
ça, pourquoi ça changerait?".
Deux raisons me semblent justifier le besoin d'une remise en
question de ce fondement de notre culture.
Tout d'abord, l'humanité ne s'est pas construite sur le
concept de similarité mais au contraire de différence. Se nourrissant
d'échanges et de rencontres, de métissages, culturels, cultuels, la société
humaine s'est patiemment construite dans la différence.
Ensuite, le monde du vivant nous enseigne, par sa diversité,
que ce qui fut et sera, n'existe que par sa capacité d'adaptation, d'évolution.
Il est confortable de penser qu'une espèce, la notre, n'a plus besoin de
changer pour survivre, que c'est son environnement qui doit s'adapter à sa
condition, et non l'inverse. Ce confort ne tient pas compte de la nature fondamentale
de l'environnement. Qui, par le fait même de nos actions se transforme change
et évolue. Nos postulats hérités d'un monde de consommation, riche, ne sont pas
adaptés à la réalité de notre environnement, épuisé, consommé.
Des générations se sont succédées sur les pas de leurs
ainées et toutes ont renforcé les erreurs des précédentes. Une nouvelle
génération à pris la place des autres. Incomprise des précédentes. Elle
n'apprend pas, elle sait. Elle a repoussée les limites du concept d'Alain elle
rend caduque les notions d'apprentissage, de compréhension. Connectée, elle
sait. Elle utilise le contenu disponible sur le web. L'uniformité de ce contenu
ne laisse plus aucune place à la pensée, à l'individu. A force d'imiter et de
répéter l'individu s'est dissout dans la masse. Loin de forger une conscience
individuelle, la pensée d'Alain à conçu un modèle d'humanité idéalisé,
standardisé, homogène et inadapté.
Tout espoir est il perdu pour autant?
La question mérite d'être posée. Si le grand
"shutdown" devait avoir lieu, si l'humanité connectée perdait ses
réseaux que se passerait-il ? Pourrions-nous y survivre? Avons-nous encore la
capacité de créer? De concevoir ? De nous adapter ? N'est il pas déjà trop tard
?
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