Quid de Seria Ludis

Auteur, Game designer, consultant formation , j'ai réalisé plusieurs projets ludopédagogiques, participé à des concours de créateur, édité un jeu, "Termik" et j'édite un projet chez Funforge". Dans Seria Ludis, je vous propose de découvrir mes avis, mes projets et ma contribution au monde du jeu et de la formation.

mardi 24 mai 2016

Gameplay,comprendre les constituants du jeu ?


Une quantité de matériel impressionnante, des règles complexes, comment définir le gameplay d'un jeu comme civilization ?

Le game play est l’expression des éléments qui constituent « l’expérience » ludique : Comment le jeu fonctionne (how the game plays ?). Il qualifie usuellement un jeu vidéo, mais son sens est naturellement élargi à tout concept ludique.
Il est constitué des règles traitant du matériel et de son utilisation, de l’environnement narratif dans lequel il s’inscrit, de la nature des objectifs et de sa capacité à engager, enthousiasmer et satisfaire le joueur.

Les composants du gameplay :
Pour comprendre les composants du gameplay il faut penser de façon convergente, à la manière d'un entonnoir partir de ce qui est le plus gros pour arriver au détail.
Les intentions du jeu : (Effet)
Pour chacun des acteurs et éléments du jeu il est nécessaire de définir son intérêt et la raison de son existence.
Le contexte : (Milieu)
Il caractérise l’environnement du jeu.
Les acteurs : (Main d’œuvre)
A qui est destiné le jeu ? Qui doit participer à son élaboration ? A sa diffusion ? A son animation ?
Les supports du jeu : (Matériel)
Quelle fonction ? Comment sont ils utilisés pour satisfaire les intentions du jeu ?
Les éléments du jeu : (Matière)
Quelles sont les ressources exploitées par le jeu ? (pions, cartes, supports)
Les mécaniques : (Méthode)
Comment les éléments du jeu sont ils liés ? Comment interagissent-ils ?


Le diagramme d’Ishikawa ou méthode des 5 M constitue un bon mémo pour s'assurer que toute les étapes sont traitées. Cette méthode met en évidence l’implication de chacune des composantes pour l’atteinte des intentions du jeu, l’effet escompté.
Être assuré de la bonne compréhension des règles du jeu c'est garantir à tous les joueurs une expérience de jeu optimale. Ce qui est vrai pour un jeu de plateau l'est aussi en formation.

samedi 21 mai 2016

Ils se sont mariés...

Le 14 mai 2016 Sabrina et Maxence ont convolé en juste noce après plus de 15 ans de vie dans le poirier (y avait plus de place dans le pêcher on s'est installé dans le poirier).
Déguisés pour se marier
Revenons un peu sur le comment tout cela est arrivé.

Tout commence en Novembre 2015 avec une nouvelle vie, une nouvelle maison et le désir de confirmer la légalité de notre petite famille. Comme souvent dans ces cas là nous nous sommes creusés la tête pour savoir comment rendre ce moment inoubliable pour nous bien sûr mais aussi et surtout pour nos invités.
En rigolant nous avions évoqué à de nombreuses reprises notre mariage improbable. Un mariage où les invités viendraient sans savoir qu'ils sont là pour un mariage. Un mariage sans chichi, ni dentelles, sans musique, ni fioritures sans traiteur, ni banquet, sans tout ces rituels pesants qui ne nous ressemblent pas, mais un mariage surprenant. Nous rêvions d'un pique nique champêtre où chacun viendrait comme il le souhaite, sans contraintes et partagerait avec les autres ce qu'il aurait amené.
Tournant en tout sens nos idées et nos envies nous nous sommes dit que l'ensemble était réalisable.
Voici donc le programme de notre week-end pique nique "improvisé" :

Tout nos invités ont reçu ce mail :

"Bonjour,
  • Vous vous souviendez à l'occasion de  nos 15 ans de vie commune, des 10 ans de Florian et de notre pendaison de crémaillère, nous avons décidé d'organiser une petite fête, enfin petite petite on la voudrait plutôt grosse et c'est pour ça que vous recevez ce mail.
    • Parce que tout le monde à besoin de bonheur
    • Parce que le bonheur se partage
    • Parce que vous êtes au moins aussi joueur que nous
    • Parce que vous désespérez de gagner une partie contre Sabrina (oui je sais, moi aussi)
    • Parce qu'on a pas tous les jours 10 ans
    • Parce qu'on fête pas tous les jours ses 15 ans de vie commune
    • Parce qu'on achète pas une maison tous les ans
    • Par ce que nous considérons que la fête n'est pas possible sans vous
    Nous vous invitons le week-end du 14 mai 2016 dès 11h00 chez nous a
    Le principe est simple : chacun amène un peu de miam ou un peu de boire à partager pour le repas du soir, on s'occupe de l'en-cas du samedi midi pour ceux qui veulent manger avec nous. Merci de me dire vers quelle heure vous pensez arriver.
    Par ce que je vous sais joueur,  je vous propose de vous déguiser, pour nous ce sera steam-punk, mais vous pourrez choisir votre propre thème.
    Au programme : il y aura des jeux, des concours, une surprise.
    J'espère que vous serez des nôtres, parce que dans ce genre de situation plus il y a de monde plus il y a de riz !
    Y en a  qu'on déjà dit oui, j'ai les noms !"
Et donc, le jour dit, plus de 50 personnes, amis, famille ont répondu présents. Jouant le jeu, la plupart étaient déguisés.
Poker d'as, pharaon en short, acupuncteur chinois... 
Chacun était venu avec sa petite popote à partager, son déguisement et sa bonne humeur. Après un modeste repas (des pâtes à la bolo, classe comme buffet, non ?) les invités organisés en équipe devaient affronter les champions de notre famille:
    • Mega Max et le défi de la précision
    • Terrific Sab et le défi de l'ultra vitesse
    • Wonder Dam et le défi Échecs et Maths
    • Flying Flo et le défi de la logique Stellaire
    • Speed Raph ne l'e-Nerf-ez pas il est armé et dangereux !
  • Et pour finir le défi familial comme chez nous tout se règle à coup de bâton un Molky des familles déterminera le champion de la journée.
A chaque défi nos invités découvrent une lettre M,R,I,G,E qui ont donné des gémir, des grimé, des magie (on sait pas trop où ils ont été le chercher celui là ^^)
Le repas ayant traîné, et le jeu suivant son cours l'heure passe nous devons donc réduire notre partie de Molky afin qu'ils découvrent les deux dernières lettres, A, A. Le suspense ne tient pas longtemps Zélie qui avait déjà évoqué l'idée clame haut et fort MARIAGE !
Des bouches s'ouvrent, les visages s'illuminent (c'est amusant de voir combien son mariage peut faire plaisir aux autres, presque comme si c'était le leur ) les félicitations se multiplient, et vient la question attendue: Et alors c'est pour quand ?
Ben, maintenant ! On a rendez vous à 16 H 00 à la mairie.
Et là... le choc, entre ceux qui n'y croient pas, ceux qui assurent que c'est impossible, et ceux qui nous connaissant savent que rien n'est impossible, l'émotion est à son comble.
Je vous passe le détail de la suite des événements pour vous laisser découvrir quelques photos encore.
Bon qu'est ce que je fais? C'est sur quel doigt déjà la rondelle en métal ?

Tu vois François, le papier c'est là qu'il faut le signer !

Oui François, même si c'est pas toi qui te marie tu dois signer, sinon Sab va te manger tout cru !
 
Et une photo de famille originale , une !

Elle a pas l'air heureuse la mariée ?
D'autres photos suivront, pour ceux qui veulent savoir comment tout ça c'est déroulé. Sachez juste que nous avons réalisé notre rêve et que notre étrange mariage a rempli tous ses engagements.
Sachez aussi, que nous avons beaucoup pensé à tout ceux qui n'ont pas pu venir, à tout ceux que nous n'avons pas invité et avec qui nous aurions aimé partager ce moment, à nos familles lointaines qui nous pardonnerons de ne pas avoir reçu d'invitation.
Sachez enfin que tout moment radieux possède une part d'ombre et que je regrette sincèrement de ne pas avoir pu partager cette joie avec ma sœur, qui a le droit de me le reprocher. Mais il faut savoir accepter les règles du jeu que l'on s'est fixées. Si je lui avais dit pourquoi j'organisais ce week-end elle aurait était des nôtres, j'en suis sûr, mais nous tenions à notre surprise. Je pense à elle et son absence marque mon mariage autant que la présence des invités à la cérémonie.

mercredi 11 mai 2016

D’étranges outils de créativité


La créativité c’est la capacité, d’une personne ou d’un groupe, à proposer des solutions nouvelles à un problème. Elle se résume souvent à une idée ou un concept, fruit de l’observation, afin de combler un vide. Ou elle est fruit de l’association de concepts ou d’idées existants. Ce qui nous fait penser souvent que la création n’existe pas et qu’il s’agit d’adaptation.
La créativité passe par 4 grandes étapes :
  • L’idée ou le concept fruit de l’observation ou de l’association d’éléments existants.
  • La confrontation, à l’environnement, aux autres, à la critique, à l’interrogation.
  • L’expérimentation, évaluation et test de prototype pour découvrir les forces et les faiblesses du concept.
  • La réitération, remettre en cause l’existant être capable d’accompagner l’évolution de son idée.
Pour favoriser la création il existe divers outils bien connus :
  • La production d’idée par le brainstorming ou le mind mapping,
  • La confrontation par la méthode des 6 chapeaux ou le team focus,
  • L’évaluation par la méthode Delphi…
En marge de ces outils bien connus existent des solutions anecdotiques tout aussi amusantes que méconnues.

Les stratégies obliques
Brian Eno est un musicien arrangeur qui a participé à quelques unes des plus originales collaborations que le rock ait connu. Co fondateur de Roxy music, partenaire de Robert Fripp (l’inventeur de l’effet frippertronic et génial guitariste de King Crimson). Brian Eno est aussi l’inventeur d’un étrange outil de créativité : les stratégies obliques.


Les stratégies obliques, changez de point de vue pour ouvrir de nouvelles perspectives.
Conçu par Brian Eno et Peter Schmidt en 1975 les stratégies obliques se présentent sous la forme d’un jeu de 113 cartes comportant chacune une phrase énigmatique. Une utilisation parmi tant d’autres consiste à tirer une carte et à en appliquer les effets par exemple « Découvre les recettes dont tu te sers et abandonne-les ». Utilisez les stratégies obliques.

L’analyse morphologique
Fritz Zwicky est surement l’un des plus grands génies du siècle dernier. Brillant astrophysicien il est à l’origine de très nombreuses découvertes, il lui doit par exemple la mise en évidence d’un phénomène que les scientifiques appelleront des dizaines d’années plus tard la matière noire. Pourtant ce génie reste méconnu et c’est surement à cause de sa misanthropie légendaire. Il était absolument haïssable avec ses collaborateurs dont il disait qu’ils étaient des « spherical bastards »  (des cons sphériques) car d’où qu’on les regarde ils étaient toujours aussi cons.
On lui doit aussi, et c’est le sujet qui nous intéresse une méthode de créativité originale : l’analyse  morphologique.
Il s’agit d’une méthode de pensée analytique qui consiste à rechercher la solution d’un problème en essayant toutes les combinaisons possibles dans une matrice appelée « boîte morphologique.  Cette méthode consiste à séparer en éléments signifiant les constituantes d’un problème, puis à les catégoriser par type sémantique et enfin à les permuter pour voir ce qui se passe.
Voici une situation simple :

Changez les termes pour obtenir de nouvelles situations :
  • L’enfant lance la balle vers l’enfant.
  • La balle rebondit sur l’enfant.
  • Le mur rebondit sur l’enfant.
  • L’enfant renvoi le mur…
Certaines possibilités semblent impossibles, mais méritent qu’on s’interroge sur leur pertinence.
L’exemple le plus cité pour Zwicky consiste à associer « Soleil » et « voyage spatial », il imagina déplacer le système solaire en bombardant le Soleil de particules (accessoirement cette solution aurait mis fin à toute vie sur terre).
La créativité c’est avant tout une remise en cause de notre façon de voir les choses, c’est s’ouvrir à des perspectives différentes.

La sagesse alchimique du moyen âge parlait de 3 états pour atteindre l’absolu : la formation (organiser, structurer) la réformation (remettre en cause), la transformation (aller plus loin, faire évoluer, changer). Soyez vous aussi les alchimistes de la créativité pour transformer le plomb de notre perception en or.

lundi 2 mai 2016

Comment mieux former ses collaborateurs ?


La formation c’est long, ça coûte cher et c’est rarement efficace. Nous avons tous entendu un jour cette sombre litanie. Elle accompagne inlassablement toutes les innovations pédagogiques. Cette critique souvent étayée par de mauvaises expériences mérite une attention particulière.

La formation c’est long ?
Du présentiel d’hier au blended learning d’aujourd’hui, le marché de la formation a su évoluer pour proposer des solutions toujours plus synthétiques. Ces formations sont construites sur un modèle simple mais efficace. Ce qui est du domaine du savoir et de la connaissance peut être mutualisé sous forme d’apprentissage numérique. Ce qui est du domaine de la pratique et du savoir faire peut être traité en distanciel grâce à des dispositifs innovants et engageant tels que les Serious game, les Learning Game, le Story Telling, le vidéo telling ou encore les plateformes sociales de formation. Enfin le savoir être, se nourrit du rapport à l’autre et prend tout son sens lors d’ateliers présentiels de mise en pratique.


Grâce à ce découpage les formations complètes qui hier duraient plusieurs jours mobilisent les apprenants sur des périodes courtes, adaptées à leur rythme de travail. Les modules distanciels découpés en sections de 7 minutes maximum, peuvent être réalisés, par le stagiaire, à tout moment de la journée, entre deux missions professionnelles.
Les Learning game et serious game, un peu plus élaborés, permettent la sauvegarde de la progression de l’apprenant et peuvent être eux aussi réalisés entre deux missions quotidiennes. Enfin les présentiels qui traitent de l’essentiel de la pratique et du comportement, concentrés en séquences courtes de 45 minutes peuvent occuper une plage d’une demi journée.

La formation ça coute cher ?
En formation, la proposition est variée, des modules sur étagère de type rapid ou micro learning aux contenus sur mesure chacun peut trouver son bonheur. Pourtant ce problème est intimement lié au dernier problème, l’efficacité. En bref la formation c’est cher pour ce que ça apporte. Il est difficile d’évaluer le ROI d’une formation avant de l’avoir réalisée mais il est sur qu’une formation bien pensée, adaptée, voir sur mesure est plus efficace qu’une solution toute prête sur étagère.
Peut-on croire que former un représentant en produit pharmaceutique ce fait de la même manière que de former un vendeur de voiture, mais sans les roues ?

La formation c’est rarement efficace ?
Ce qui définit l’efficacité d’une formation c’est la persistance dans le temps et dans l’usage des éléments que l’apprenant a acquis. Dans un précédent post je parlais du mécanisme de mémorisation lié à l’émotion (pourquoi former par le jeu ?).
Pour garantir cette efficacité il est essentiel que l’apprenant soit engagé émotionnellement, mais plus encore il faut qu’il accède au niveau de formation nécessaire sans avoir à supporter des formations sur des sujets déjà connus.

Et si mieux former, c’était bien former ?
Au centre de cette question se trouve l’impact de l’évaluation préalable. Tous les apprenants ne sont pas égaux face aux savoirs.
Fort de ce constat, il faut imaginer des dispositifs innovants qui permettent au collaborateur de mesurer les écarts entre ce qu’il pense savoir et ce qu’il sait vraiment. Puis de lui proposer le niveau de formation adapté à son besoin.
En présentiel, ce type de dispositif permettrait à un animateur de cartographier son public pour renforcer le traitement des sujets, quand des insuffisances sont signifiées.
Il pourrait aussi identifier, dans l’assemblée, les personnes les plus qualifiées pour s’appuyer sur leur compétence et faire progresser plus rapidement l’ensemble du groupe.
En distanciel, ce fonctionnement permettrait de mobiliser les collaborateurs et de leur faire prendre conscience de leurs axes de progrès tout en leur suggérant des contenus adaptés à leur niveau de maîtrise du sujet.
En procédant ainsi, les formateurs, raccourciraient les durées de formation, limiterait les coûts de mobilisation du personnel, augmenterait la motivation des stagiaires et garantirait l’efficacité des formations.
Pour mieux former, évaluez !